Nous sommes lundi soir. Il y a maintenant 24 heures que le retour à la réalité s’est effectué pour nous tous, à notre grand désarroi. Aux prises avec un fort sentiment de nostalgie, je profite de cette vague d’émotion pour partager avec vous quelques moments marquants, certains tout petits et d'autres énormes, mais tous d'une grande valeur qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. La sélection fut extrêmement difficile car l’entièreté de notre aventure fut parsemée de coups de cœur… mais bon, puisqu’il faut choisir, voici mon palmarès :
1- Une soirée festive et magique à la Nouvelle-Orléans
Depuis toujours, je suis une mélomane assumée : la musique a toujours fait partie intégrante de ma vie. Et étant également fan de jazz, je trépignais d'avance à l'idée de passer une soirée dans un club de la Nouvelle-Orléans. Pour moi, il s'agissait d'un véritable retour aux sources, une fenêtre sur le passé... comme si la trompette, la clarinette, le piano et les drums sonneraient plus vrais que nature, incroyablement campés dans leur terre natale. Nous avons donc débuté notre soirée avec un repas gargantuesque dans un resto du Quartier Français -où, vous vous en doutez sûrement, friture et opulence ne faisaient qu'un ! Ensuite, cap vers les rues, là où tout a commencé. Après quelques pas, nous sommes rapidement noyés dans une mer humaine de paillettes, masques et décolletés (parfois trop) révélateurs: la Nouvelle-Orléans nous a accueillis à bras ouverts dans tout son délire. Nous dénichons par la suite un petit bar de jazz, la Maison Bourbon: tables de bois massif, quartet de jazz authentique, faune bigarrée mais tout aussi charmée que ravie de faire partie de ce moment... et bien sûr, alcools à flots. Les conditions gagnantes étaient réunies pour faire des feux d'artifices... Ce qui arriva dès l’envol des premières notes dans la nuit chaude. S'en suivit des heures de plaisir gourmand (où était-ce plutôt des minutes... comme le temps file trop vite quand on est en transe !) à écouter, regarder, se connecter avec la musique. Et alors que mon petit coeur n'en finissait plus de battre à tout rompre, le chanteur entama « What A Wonderful World » de Louis Armstrong... pas une grande surprise, me direz-vous, mais ça a tout de même eu l'effet escompté: j'ai fondu. Les yeux emplis de larmes, toujours rivés sur la scène, je me laissai lentement bercer par la puissante voix éraillée du chanteur, avec une touchante pensée pour mon grand-père, qui est à l'origine de mon amour inconditionel pour cette musique. Ça y est, je suis désormais envoutée: la Nouvelle-Orléans m'a complètement conquise, et je retournerai me perdre dans cette folie musicale si caractéristique… bientôt j’espère.
2- Merveilleuse San Francisco
Dès le début de la planification du voyage, il était absolument impératif pour moi de visiter San Francisco, dussé-je me battre jusqu'au sang… évidemment ce ne fut pas nécessaire, car tous souhaitait la compter parmi nos destinations. C'est une ville tout simplement extraordinaire: grouillante de vie mais où plane toujours de ce sentiment d' « easy-goingness » apportée par les beatniks... son pont vertigineux, son charme victorien, ses courbes vivantes et surprenantes, sa vue imprenable sur l'océan et ses quartiers légendaires où de grands mouvements sont nés (Casto, sa communauté gaie et Harvey Milk, par exemple)... tout en San Francisco est marquant. Ayant décidé de louer une voiture pour nous balader en son antre, Van, Flash, Jen, Buzz et moi-même avons parcouru les rues de la ville, question de la savourer le plus possible, notre passage n'étant que (trop) bref: quelques pas par ci, quelques photos par là -sans oublier deux ou trois niaiseries, tout au plus !! Nous avons terminé cette virée par la dégustation de gelatti dans Castro, alors que le soleil descendait lentement au loin: déjà l'heure pour nous de partir ! Même si mon coeur saigne encore et toujours de ne pas savoir pu explorer davantage les rues de San Francisco, cet aperçu a bel et bien confirmé qu'il s'agit incontestablement d'une de mes prochaines destination-vacances.
3- Une soirée endiablée à Vegas
Las Vegas se résume en quelques mots: party, casino, alcool, pitounes, argent... party et encore party. Toutefois, cette ville trop grande pour la nature, effrénée et insomniaque est d’un charme fou, dans son genre. Tous les passagers du VR se sont fait rapidement engloutir par la Strip, ces hôtels impressionnants et ô combien quétaines, ces répliques de grandes villes, ses badauds éclectiques et j’en passe. Nous avons logé au Luxor, un hôtel où l’entrée est gardée par un immense sphinx –j’ai bien dit quétaine, non ? Après un somptueux repas dans le ventre de la bête (!!), nous sortîmes pour déambuler sur la Strip, question de sentir l’électricité toujours palpable dans l’air de cette capitale de l’excès. Lumières scintillantes, spectacle de jets d’eaux en face du Bellagio, foule incroyable dans la rue : oui, c’est bien Vegas !! Par la suite, alors que le petit matin s’annonçait tranquillement, Jen, Buzz et moi-même trouvîmes un after-hour où nous avons dansé et bu sans relâche jusqu’au petit matin… là encore, Vegas s’est exhibé dans toute sa splendeur : seins refaits, décolletés plongeants, talons hauts Prada, chemises Parasuco et plus encore… et bien que nous ne nous sentions pas tout à fait à notre place, le Drail’s nous a offert de la musique tout simplement hallucinante, ce qui nous a agréablement sustentés. Et comme nous marchions aux pâles lueurs du soleil levant, j’ai conclu cette folle soirée en me disant que nous avions vécu Vegas comme elle le méritait… ce qu’un sympathique tenancier de bar western en Arizona me confirmera le lendemain soir. Viva Las Vegas !
4- Les séquoias de Yosemite National Park
Qui dit côte ouest dit séquoias. Il était donc simplement logique de profiter de notre passage par la Californie pour aller se promener dans un parc national où se retrouvent ces arbres vénérables. Je comptais d'ailleurs probablement parmi les plus excités de visiter le Sequoia National Park. Quelques-uns d'entre nous avons donc quittés le VR pour se taper les quelques miles qui nous séparaient des séquoias... et chaque pas en valu la peine: arrivés au pied de ces géants de la nature, je ne pouvais que me prosterner devant leur impressionnante stature, inexorable au temps qui passe. Ce sont des arbres magnifiques, magistraux, empreints de sagesse et de force. Malheureusement, en raison de leur statut menacé, nous ne pûmes les admirer que de loin – so much pour mon désir de faire un câlin à l’un d’eux ! Qu'importe, je me considère choyée d’avoir pu réaliser un de mes rêves : je me suis fait momentanément engloutir par cette forêt pour contempler ces splendides mastodontes... en écorce et en sève !
5- D’étonnantes lumières au Texas
Voici maintenant un petit fait divers arrivé en plein Texas: dû à un horaire très serré pour honorer toutes les destinations, nous avons roulé durant deux jours afin de nous rendre du VLA à Houston. J'étais sur le shift de nuit avec Buzz, qui s'est caractérisé par un bon 300 miles en ligne droite et peu de voitures sur la route, donc sans grands stimuli... le trajet était long et assez pénible... mais soudain, des centaines de minuscules lumières rouges commencent à briller sur le fil de l'horizon. Notre curiosité est piquée, et nous découvrons de plus en plus de ces mystérieuses lumières au fur et à mesure que notre VR s'enfonce dans la nuit texane. Les hypothèses commencent à fuser: aéroport ? usines de pétrole ? Prise dans mes réflexions, je remarque à peine une éolienne à droite. Et la réponse fut: il s'agissait bien de milliers d'éoliennes dont les lumières de repère scintillaient à l'unisson, et au centre desquelles nous roulions. Le spectacle est magique, iréel, inattendu (d'autant plus que le Texas est surtout renommé pour son pétrole). Bref, ce fut un moment précieux, un beau cadeau qui a bien terminé notre nuit de route !
6- Le charme de Pie Town
Je termine cette énumération par un délicieux petit moment : Nous nous entendons tous sur le fait qu’un des buts de notre road-trip était de voir les magnifiques paysages, mais aussi de pouvoir traverser des villages et rencontrer des gens qui n'auraient sûrement pas croisé notre route en d'autre occasion. C’est ce qui nous est arrivé alors que nous fendions la route du Nouveau-Mexique, en direction du VLA. Étant co-pilote, j’avais remarqué sur la carte une ville du nom de Pie Town, qui tombait pile sur notre trajet : il nous fallait donc l’honorer de notre passage, à plus forte raison pour saluer la dent sucrée des Girard ! Dans cette ville, tout est sous le signe de la tarte: camping, magasins... même un Pie-O-thon est prévu en septembre ! Nous sommes donc arrêtés en face d’une petite boutique, malheureusement fermée en raison du 4 juillet. Soudain, alors que nous nous apprêtions à repartir, un vieillard approche au loin en clopinant: salopette élimée, barbe blanche, bottes de travail… il nous informe en marmonnant que d’autres boutiques se trouvent plus loin. Merci monsieur, nous reprenons la route. Nous arrivons à une charmante boulangerie-café. Deux femmes sont derrière le comptoir, et nous offrent en souriant une magnifique tarte aux cerises parsemée de cœurs, qui était en réalité destinée à un autre client. Nous sommes foudroyés par leur gentillesse. Avant de quitter, nous apprenons que l’une d’entre elles a visité le Canada et qu’elle a adoré son voyage. Qui l'aurait cru ? Ceci est donc un bon exemple du sens profond de ce voyage, à mes yeux: de belles rencontres humaines, bien que furtives, bien qu’éphémères… Je crois que chacun des passagers aura vécu à sa façon cette connection plus personnelle avec les États-Unis, qui aura contribué à enrichir considérablement cette aventure.
Je conclus donc mon billet avec un petit mot pour tous les participants à ce périple: Veers, Hélène, Van, Benthos, Flash, Jen, Buzz, je vous remercie de m’avoir permis de réaliser ce rêve un peu fou, voire un peu suicidaire de partir à 8 personnes dans un simple VR sillonner 13 000 km de routes américaines. Cette expérience m’a profondément apporté et restera à jamais dans mon cœur… grâce à vous. Merci pour tous ces beaux moments, tous ces fous rires, toutes ces insides persistantes qui pimentaient notre quotidien. Merci pour votre complicité, pour votre présence et votre camaraderie dans les bons comme dans les mauvais moments. Je vous aime tous très fort. Et finalement, un immense merci à la vie, qui m’aura une fois de plus confirmée que rien n’est impossible, si la volonté est au rendez-vous. ROAD-TRIP BABY !! ☺
Nous sommes de retour!
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Super post Evelyne! Tu as réussi a me surprendre moi qui passais sur le blog avec très peu d'espoir de voir du nouveau!
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